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ronets » férus de leur titre, que la vue de leur arbre généalogique remplit chaque jour d’une satisfaction inlassable, jeunes filles hautaines et prétentieuses, petites écervelées dont l’imagination ne rêve que bals, flirts et enlèvements, se meuvent autour des personnages principaux et forment un ensemble de types comiques dont aucun ne nous laisse indifférents. De même qu’un lecteur de David Copperfield n’oubliera pas Mr. Micawber et Uriah Heep, celui qui a lu Pride and Prejudice conserve toujours le souvenir de lady Catherine et de Mr. Collins. Au milieu de tout ce monde qui s’agite, quelques observateurs, judicieux comme Mr. Knightley, ou ironiques comme M. Bennet, portent des jugements savoureux, incisifs, dont leur entourage ne fait pas toujours son profit.

Ces récits qui se développent à loisir dans une langue claire, souple et aisée, coupés de dialogues animés, ont provoqué les éloges de plusieurs grands écrivains anglais. Walter Scott enviait la délicatesse de touche avec laquelle Jane Austen donnait de l’intérêt aux incidents les plus ordinaires. Macaulay l’a comparée à Shakespeare pour sa facilité à créer des caractères. Thackeray reconnaissait que tous ces petits détails vécus, tous ces menus faits d’observation rendent un son si naturel qu’ils rappellent l’art de Swift. Lewes déclarait qu’il aimerait mieux être l’auteur de Pride and Prejudice que d’avoir écrit tous les romans de Walter Scott. Et les critiques de notre époque continuent à témoigner à Jane Austen l’admiration qu’elle mérite et dont elle a si peu joui de son vivant.