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point ingrate. De ce moment il fit plus d’attention à elle, et son intérêt s’accrut en trouvant qu’elle avoit un cœur excellent, et une intention constante de bien faire. Il s’établit entr’eux une relation qui remplaça un peu pour Fanny celle de son frère. Edmond l’encourageoit, l’avertissoit doucement, et la faisoie valoir auprès des autres.

Elle prit insensiblement plus de confiance en elle-même. Elle commença à oser lever les yeux devant Sir Thomas. La voix de sa tante Norris ne la faisoit plus tressaillir de crainte. Ses cousines trouvoient qu’une troisième compagne ajoutoit quelquefois aux plaisirs de leurs jeux, et convenoient que Fanny étoit assez bonne enfant. Tom, l’aîné des fils de Sir Bartram, avoit les dispositions assez ordinaires aux jeunes gens qui entrent dans le monde avec la perspective d’une grande fortune, et se croient nés pour jouir de la vie sans en supporter les obligations. Un enfant de l’âge de Fanny, ne pouvoit être pour lui qu’un jouet ; il étoit persuadé, que pourvu qu’il lui fît de temps en temps de petits présens, il avoit le droit de s’en moquer toutes les fois que cela pouvoit le divertir mieux qu’autre chose.

Sir Thomas et mistriss Norris s’applaudissoient mutuellement de la bonne œuvre qu’ils