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“ Eh bien ! » dit Edmond , “ je gage qu’il vous écrira. „

“ Il me l’a bien promis, » répondit Fanny, “ mais il m’avoit recommandé d’écrire la première ; et je n’ai ni papier ni plume. „

“ Oh ! s’il ne tient qu’à cela, je vous donnerai tout ce qu’il vous faut. Serez-vous bien contente de pouvoir écrire à William ? „

“ Oh oui ! bien contente. Mais qui est-ce qui portera ma lettre à la poste ? „

“ Ne vous inquiéter pas de cela, ma petite cousine, j’en aurai soin ; elle ira avec les autres lettres, et elle ne coûtera rien à William, parce que papa l’affranchira. „

Fanny fut un peu en peine, de penser que la lettre passeroit sous les yeux de son oncle, mais elle en prit son parti. Edmond rentra à la maison avec elle, lui raya son papier, lui tailla sa plume, lui corrigea son ortographe, avec la complaisance d’un bon frère ; mais ce qui la toucha plus que tout le reste, fut un mot d’amitié qu’Edmond ajouta pour William de sa propre main. Il glissa en outre une demi guinée dans la lettre et se chargea de l’expédition.

Fanny ne savoit comment remercier son cousin, mais sa physionomie et quelques mots sans suite et sans arrangement, suffirent à Edmond pour comprendre que Fanny n’étoit

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