Page:Austen - Mansfield-Park.djvu/9

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Edmond avoit un excellent naturel ; il s’approcha d’elle, et la pressa avec amitié de lui dire ce qui la chagrinoit. A toutes ses questions, sur la cause possible de ses pleurs, à toutes ses offres de services, elle répondoit, “ non , non, je vous assure , non , je vous remercie, » mais enfin quand il lui parla des parens qu’elle avoit quittés, le redoublement de ses sanglots lui fit comprendre qu’il avoit touché la corde sensible.

“ Vous regrettez, ma bonne petite Fanny, d’être séparée de votre maman, c’est bien naturel ; mais pensez pourtant que vous êtes ici avec de bons amis, qui désirent de tout leur cœur de vous rendre heureuse. Allons, faisons un petit tour de promenade ensemble, et nous causerons. „

Fanny se calma peu-à-peu. Edmond lui parla en détail de ses frères et sœurs. Il comprit que son frère William, l’aîné de la famille, et qui avoit un an de plus qu’elle, étoit celui qu’elle aimoit le mieux. C’étoit à lui qu’elle avoit recours toutes les fois qu’elle avoit besoin de protection contre la turbulence ou la malice des cadets, c’étoit lui qui plaidoit pour elle, quand il y avoit quelque grace à demander à sa mère, dont il étoit le favori ; c’étoit lui qui avoit témoigné le plus de regrets en la voyant partir.