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Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/139

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avant qu’elle rentrât dans mon cœur : mais je crois bien que ce fut l’affaire d’une demi heure. »

Darcy et Elisabeth oublioient que le temps passoit. Celle-ci prit tout-à-coup de l’inquiétude, en s’apercevant qu’ils étoient bien loin de la maison où ils seroient peut-être attendus. La conversation ne languit point pendant leur retour, et lorsqu’ils se séparèrent dans le vestibule, ils avoient encore tous deux bien des choses à se dire……

Lorsque Mr. Bennet se retira après dîner dans son cabinet, Mr. Darcy le suivit. Elisabeth s’en aperçut et en eut beaucoup d’émotion ; elle attendit avec un tremblement dont elle n’étoit point maîtresse, que Darcy revînt dans le sallon. Lorsqu’il reparut, il avoit l’air serein. Il sourit en la regardant, et elle se rassura. Il s’approcha de la table où elle travailloit avec Kitty, et faisant semblant d’admirer son ouvrage en l’examinant de près, il lui dit tout bas : « Allez vers votre père : il vous attend. „ Elle passa en effet dans le cabinet de Mr. Bennet. Elle le trouva qui se promenoit d’un air soucieux. « Lizzy, mon enfant, “ lui dit-il, „ à quoi pensez-vous, d’accepter la main de cet homme que vous ne pouvez pas souffrir. „

Elisabeth regretta bien alors les expressions exagérées d’éloignement pour Mr. Darcy,