Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/46

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elle des regrets ; mais elle ne lui donna pas la satisfaction de la voir soupirer : elle éprouvoit plutôt de l’étonnement sur l’air heureux de Charlotte, après avoir épousé un homme comme celui-là. Toutes les fois que Mr. Collins disoit quelque chose de plat ou de gauche, elle ne pouvoit s’empêcher de regarder sa femme. Deux ou trois fois elle crut la voir rougir ; mais en général Charlotte avoit le bon esprit de ne pas entendre.

Après qu’ils eurent été assis quelques momens, et qu’on eut passé en revue tous les meubles du sallon, Mr. Collins proposa un tour dans le jardin, à la culture duquel il présidoit ; il mettoit même quelquefois la main à l’œuvre : « c’étoit, „ disoit-il, « un de ses plaisirs les plus respectables. » Charlotte fit bonne contenance, et loua les avantages de l’exercice en plein air, ajoutant qu’elle l’encourageoit de son mieux. Mr. Collins ne fit grace de rien dans la revue de son jardin. Il connoissoit la contenance de tous les champs des environs, le nombre de tous les arbres qui les bordoient ; mais, des divers points de vue de son jardin, celui qui le charmoit le plus, parce qu’il flattoit ses sentimens d’admiration respectueuse pour lady de Bourg, c’étoit une échappée qui lui laissoit apercevoir le château de Rosings.

Après