Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/86

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lui qu’il renonceroit à voir miss Bennet. Je n’ai qu’une chose à me reprocher là-dedans, c’est de lui avoir caché que votre sœur étoit à Londres en même temps que lui, et qu’il auroit pu la rencontrer. Je déteste les voies détournées ; et je lui aurois dit la vérité sur ce point là, comme sur le reste, si je n’avois redouté la foiblesse de Bingley. À cet égard, j’ai agi pour le mieux : si j’ai eu tort, je m’en accuse ; mais sur le fond de la chose, je n’ai rien fait que je ne fusse prêt à faire encore.

Relativement à Mr. Wickham, je ne puis me justifier qu’en vous faisant l’histoire de ses relations avec ma famille. Je ne sais de quoi il m’a accusé auprès de vous ; mais il m’est facile de donner des preuves de tout ce que je vais vous dire. Mr. Wickham est fils d’un homme fort respectable, qui a eu pendant plusieurs années la conduite des terres de Pemberley. Mon père en faisoit grand cas. Il étoit parrain de George Wickkam. Il fournit à ses dépenses à l’école et à l’université, chose que son père n’auroit point pu faire, parce qu’il avoit une femme qui dissipoit promptement tout ce qu’il gagnoit. Le jeune homme étoit d’une figure fort agréable ; ses manières étoient séduisantes ; mon père lui étoit singulièrement