Page:Austen - Orgueil et Préjugé.djvu/87

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attaché ; il en avoit très-bonne opinion ; et il projetoit de le destiner à l’église. Quant à moi, j’avois appris de bonne heure à le juger différemment, parce que je le voyois de plus près. Il avoit l’art de cacher à mon père ses inclinations vicieuses, et ses mauvais principes : il ne pouvoit y réussir avec moi, parce que nous étions camarades, et à-peu-près de même âge.

Il y a cinq ans que mon excellent père mourut, en léguant à George Wickham mille livres sterling, et en me recommandant particulièrement dans son testament, de servir son avancement de mon mieux, et dans le cas où il voudroit suivre la carrière de l’église, de lui procurer un des meilleurs bénéfices qui sont à la disposition de ma famille. Son père ne survécut que de fort peu de temps au mien ; et six mois après cet événement, je reçus une lettre de Mr. Wickham. Il me représentoit qu’il n’avoit point de vocation pour l’église. Il espéroit que je n’aurois pas d’objection à compenser par une augmentation de son legs, les avantages que mon père avoit voulu lui faire, dans la carrière ecclésiastique, vû qu’il s’étoit décidé à étudier pour le barreau. Sans croire tout-à-fait à cette résolution, je consentis à entrer dans ses vues ; et je convertis en une som-