dut satisfaire sa tante plus qu’elle-même ; les assiduités de Mr. Wikam avoient beaucoup diminué ; il étoit l’adorateur d’une autre femme. Elisabeth avoit trop de pénétration pour ne pas s’en être aperçue, mais elle ne pouvoit en être témoin et l’écrire, sans éprouver un vif chagrin. Son cœur n’avoit été que légèrement atteint, mais sa vanité avoit été fort satisfaite de l’idée qu’il l’auroit choisie, si la fortune le lui avoit permis. Un héritage de dix mille livres, étoit le charme le plus puissant de la jeune personne à laquelle Wikam faisoit sa cour dans ce moment ; Elisabeth moins clairvoyante peut-être dans ce cas-ci que dans celui où s’étoit trouvée Charlotte, ne l’en estimoit pas moins pour son désir d’être indépendant : au contraire, rien ne lui paroissoit plus naturel, et tant qu’elle pût croire qu’il ne l’abandonnoit qu’à regret, elle fut très-
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