Page:Austen - Orgueil et Préjugé (Paschoud) 3.djvu/152

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— Oh, que n’ai-je parlé lorsque j’ai eu les yeux ouverts sur son véritable caractère ! Mais j’ai craint de révéler… Oh malheureuse, malheureuse erreur !

Darcy ne répondit point, il paroissoit à peine l’entendre, et se promenoit dans la chambre, plongé dans une profonde rêverie, les sourcils froncés, toute la figure empreinte d’une expression sombre. Elisabeth le vit, et sentit ce qu’il devoit éprouver !… Tous les charmes qu’elle avoit eus pour lui alloient s’évanouir, tout sentiment devoit disparoître à côté d’un tel déshonneur dans sa famille ! elle ne pouvoit ni s’en étonner, ni le condamner. Jamais elle n’avoit si bien senti qu’elle l’aimoit, que dans ce moment où elle voyoit qu’il falloit renoncer à lui ! Mais ce retour sur elle-même ne pouvoit l’occuper long-temps. Lydie, l’humiliation et le malheur qu’elle répandoit sur sa famille, absorbèrent bientôt toute autre