Page:Austen - Orgueil et Préjugé (Paschoud) 3.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

heureux pour Elisabeth, qui avoit l’esprit si préoccupé, qu’elle auroit pu ne pas répondre toujours parfaitement juste. Il faut garder ses réflexions pour la solitude, aussi s’y abandonnoit-elle entièrement lorsqu’elle étoit seule, et il n’y avoit presque pas de jour où elle ne fît quelque grande promenade, pendant laquelle elle se livroit à des souvenirs qui, au reste, étoient peu agréables. Elle savoit presque par cœur la lettre de Mr. Darcy, elle l’étudioit phrase par phrase, et ses sentimens pour celui qui l’avoit écrite n’étoient pas toujours les mêmes ; lorsqu’elle se rappeloit le style de sa déclaration, elle sentoit se réveiller toute son indignation ; mais lorsqu’elle réfléchissoit à son injustice envers lui, et à tous les reproches qu’elle lui avoit adressés, sa colère se tournoit contre elle-même ; l’attachement qu’il avoit pour elle lui inspiroit de la reconnois-