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Page:Austen - Orgueil et Prevention 2.djvu/171

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ET PRÉVENTION

injustes ; j’ai honte de moi-même ; jusqu’à ce moment mon propre caractère ne m’était point connu. »

Ses pensées se portant d’elle-même à Hélen, d’Hélen à Bingley, la ramenèrent bientôt au souvenir que l’explication de M. Darcy, sur ce qui les concernait, lui avait paru bien peu satisfaisante, et elle la lut encore une fois ; bien différente fut l’impression que produisit cette seconde lecture. Comment douter maintenant de ses assertions, puisque déjà elle s’était vue forcée d’y ajouter foi ? Il assurait n’avoir jamais soupçonné les sentimens d’Hélen, et elle ne put oublier ce que Charlotte avait toujours pensé à ce sujet ; il lui était également impossible de nier la justesse des remarques faites par lui sur Hélen. Elle savait trop bien que sa sœur, bien que susceptible des affections les plus vives, renfermait tout en elle-même, et que d’ailleurs il y avait dans toute sa personne un certain air de complaisance, qui rarement s’unit à une grande sensibilité.