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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/113

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une jeune personne active, et qui sache se rendre utile ; qu’elle ne soit pas élevée dans de grands airs, mais au contraire instruite à tirer tout le parti possible d’un petit revenu ; voilà mon avis, trouvez donc aussitôt que vous le pourrez une femme comme celle-là, amenez-la-moi à Hunsford et je la recevrai. » Permettez-moi, ma belle cousine, de vous faire observer ici, que je ne regarde point la connaissance et les bontés de lady Catherine de Brough comme un des moindres avantages que j’aie à offrir ; vous trouverez ses manières affables, au-delà de tout ce qu’on peut imaginer, et je pense que votre esprit, votre vivacité lui plairont, modérés surtout par le respect et le silence que son rang vous imposera. En voilà assez sur mes intentions à l’égard du mariage : j’ai à vous dire maintenant pourquoi Longbourn attire mes regards de préférence à mon propre voisinage, où il y a, je vous assure, beaucoup de femmes aimables ; le fait est que, devant hériter de cette terre après la mort de votre très honoré père (qui Dieu aidant peut encore vivre de longues années) je n’eusse pas été satisfait de ma conduite, si je ne m’étais décidé à prendre une de ses filles pour épouse, afin que cette perte leur soit moins douloureuse quand l’événement aura lieu ; tel a donc été mon motif, ma belle cousine, et je me flatte qu’il ne diminuera pas votre estime pour moi. À présent il ne me reste plus qu’à vous exprimer dans les termes d’un cœur vraiment épris, toute la violence et toute la durée de mon attachement ; quant à la fortune, j’y suis parfaitement indifférent et n’en parlerai même pas à votre père, sachant d’avance qu’il ne peut rien vous donner, puisque toutes vos prétentions se bornent à une somme de mille livres sterling dont vous ne pourrez jouir qu’après la mort de votre mère ; sur ce point mon silence sera toujours le même, et croyez que quand nous serons unis, nul reproche peu généreux ne sortira de ma bouche. »

Ne pouvant davantage différer de l’interrompre :

« Vous êtes un peu prompt, monsieur, dit-elle ; vous oubliez que je ne vous ai pas encore dit un seul mot, laissez-moi du moins vous répondre : recevez je vous prie,