Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/125

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Herfordshire sans regret, si je ne vous eusse connue, ma bien tendre amie ; mais il faut espérer que nous verrons quelque jour renaître ces moments délicieux passés ensemble dans la plus douce intimité ; en attendant ne pouvons-nous pas adoucir les peines de l’absence par un commerce suivi ? Je compte sur vous pour cela. »

Des expressions si exagérées furent écoutées par Élisabeth d’un air fort indifférent ; et bien qu’un départ si soudain, lui causât quelque surprise, elle n’y voyait rien qui dût l’inquiéter. Le moyen de supposer que parce que ces dames avaient quitté Netherfield, Bingley n’y reviendrait plus ; et quant à leur société, elle se persuadait, que celle de leur frère, consolerait bientôt Hélen de cette légère privation.

« Il est fâcheux, dit-elle, après un moment de silence, que vous ne puissiez voir vos amies avant leur départ, mais nous avons lieu de croire que les moments délicieux, dont parle Mlle Bingley renaîtront plus tôt qu’elle ne l’imagine, et que cette intimité si douce entre deux amies, ne le sera pas moins entre deux sœurs. M. Bingley ne restera pas à Londres pour leur bon plaisir.

— Caroline dit très positivement que nul de la famille ne reviendra cet hiver dans Herfordshire ; je vais vous lire ce qu’elle me marque à ce sujet.

« Hier lorsque mon frère nous quitta il s’imaginait que les affaires qui l’appelaient à la ville seraient promptement terminées ; nous sommes sûres du contraire : d’ailleurs nous pensons bien que Charles une fois à Londres, ne sera guère tenté de revenir ici ; et nous nous sommes tous décidés à l’aller retrouver, sachant le plaisir que nous lui ferons ; la plupart des gens que je connais sont déjà à Londres ; que ne puis-je, ma tendre amie, vous y voir aussi ! mais un tel bonheur n’est pas fait pour moi : je désire sincèrement que votre hiver dans Herfordshire se passe aussi gaiement que de coutume, et j’espère que vous aurez assez de danseurs, pour ne point vous apercevoir de l’absence des trois que nous vous enlevons. »