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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/132

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M. Colins ; mais soyez assuré que je ne ferai point une démarche si importante sans le consentement de cette noble dame.

— Vous ne sauriez être trop sur vos gardes, car la satisfaction de lady Catherine doit être votre unique affaire, et si vous croyez lui déplaire en revenant ici, ce qui me semble assez probable, restez, croyez-moi, tranquillement chez vous ; nous ne nous en fâcherons point, je vous assure.

— Monsieur, je sens comme je le dois cette preuve de votre amitié, et je vous promets qu’à peine arrivé à Hunsford, je vous en témoignerai par écrit ma vive reconnaissance, n’oubliant pas aussi de vous rendre mes très humbles grâces de toutes les bontés dont vous m’avez comblé durant mon séjour dans Herfordshire ; quant à mes charmantes cousines, bien que j’espère ne point être longtemps sans les revoir, je veux aujourd’hui leur souhaiter bonheur et santé, sans même excepter ma cousine Élisabeth. »

Ces dames lui répondirent très poliment et se retirèrent tout étonnées des projets d’un si prompt retour. Mme Bennet pensait avec plaisir, que peut-être il comptait offrir ses vœux à l’une de ses plus jeunes filles, et Mary se fut aisément décidée à les agréer ; en effet, Mary admirait beaucoup ses talents, vantait la solidité de son esprit, et quoique assurément moins savant qu’elle, ne pouvait-il pas faire de rapides progrès, ayant pour l’encourager à l’étude un exemple tel que le sien ? Le lendemain vit s’évanouir tous ces beaux projets ; Mlle Lucas vint à Longbourn aussitôt après le déjeuner, et dans un entretien particulier avec Élisabeth raconta l’événement de la veille.

La pensée que M. Colins pourrait se croire amoureux de Charlotte, s’était ces deux derniers jours plus d’une fois présentée à Élisabeth, mais que Charlotte le pût encourager, lui semblait aussi impossible que de l’encourager elle-même, et sa surprise fut telle qu’elle ne put d’abord la cacher et elle s’écria :