Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/145

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occupe son imagination, et lui donne un relief parmi ses compagnes. Quand sera-ce votre tour ? Vous ne sauriez longtemps laisser à Hélen un pareil avantage ! Voici pour vous le moment favorable, il y a assez d’officiers à Meryton pour désappointer toutes les filles du pays : tenez ! que Wickham soit votre homme, il est fort joli garçon et vous dupera merveilleusement.

— Je vous rend grâce, mon père, mais un homme moins aimable que lui fera mon affaire, tout le monde ne peut s’attendre à être si favorisée qu’Hélen.

— Cela est vrai, dit M. Bennet, mais il est consolant pour vous de savoir, que si rien de semblable vous arrivait, vous avez une tendre mère, qui ne vous le laissera pas facilement oublier. »

La société de M. Wickham venait fort à propos dissiper la tristesse que les derniers événements causaient à quelques-uns des habitants de Longbourn ; il les voyait fort souvent, et à ses autres qualités s’unissait maintenant une parfaite franchise ; tout ce qu’Élisabeth avait déjà appris, ses droits à la bienveillance de M. Darcy, et les mauvais procédés que celui-ci avait eus pour lui furent librement avoués, et ouvertement discutés, et chacun se vantait d’avoir détesté M. Darcy, avant même de connaître tous ces détails.

La seule miss Bennet pensait qu’il y avait peut-être dans cette affaire quelques circonstances inconnues à la société de Herfordshire, mais qui pourraient excuser M. Darcy ; sa bonté, sa candeur naturelle la portaient à être indulgente et à faire remarquer combien souvent les apparences étaient trompeuses ; mais par tous les autres M. Darcy fut jugé le plus méchant des hommes.