Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/150

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Si même Wickham eût été moins aimable, sa conversation aurait toujours eu pour Mme Gardener un charme réel ; il y avait dix ou douze ans, étant encore fille, elle avait passé plusieurs années dans la partie de Derbyshire, où Wickham avait été élevé, ils connaissaient par conséquent à peu près les mêmes personnes et, bien que Wickham eût quitté ce pays aussitôt après la mort du père de M. Darcy, il pouvait donner à Mme Gardener des renseignements plus récents sur ses anciennes amies que ceux qu’elle avait pu jusqu’alors se procurer.

Mme Gardener avait vu Pemberley et connu de réputation feu M. Darcy, cela fut donc un sujet inépuisable de conversation ; en comparant les souvenirs de Pemberley avec la description détaillée qu’en pouvait donner M. Wickham, et faisant parfois quelques digressions en faveur des belles qualités de l’ancien propriétaire, elle se satisfaisait elle-même, et causait à M. Wickham le plus sensible plaisir ; elle apprit aussi les griefs qu’on avait contre le jeune M. Darcy et, cherchant à se rappeler si les dires sur lui lorsqu’il n’était encore qu’un enfant, pouvaient s’accorder avec sa conduite présente, elle se persuada à la fin qu’en effet, elle se rappelait avoir autrefois ouï parler de M. Fitz William Darcy, comme étant d’une fierté et d’une exigence insupportables.