Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/149

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à peine qu’un mois d’ablutions le pût laver d’un tel ridicule, et soyez assurée que M. Bingley ne sort jamais sans lui.

— Cela n’en vaut que mieux, j’espère qu’ils ne se reverront plus. Mais Hélen ne correspond-elle point avec miss Bingley ? Elle ne saurait se dispenser de lui faire une visite.

— Pardonnez-moi, elle peut même ne lui plus écrire. »

Malgré le ton décidé avec lequel Élisabeth donnait l’assurance que les parents de Bingley sauraient bien le tenir loin d’Hélen, elle éprouvait à ce sujet une trop vive inquiétude, pour n’être pas en elle-même persuadée, que tout espoir n’était point perdu : quelquefois elle pensait qu’il était possible, probable même que les sentiments de Bingley ne fussent point changés, et ne doutant pas qu’il n’eût occasion de voir Hélen, comment ne point espérer que ses attraits si charmants ne fissent sur lui plus d’impression que tous les raisonnements de ses amis !

Mlle Bennet accepta avec joie l’invitation de sa tante. La possibilité de revoir Bingley ne fit point renaître ses espérances ; elle pensait seulement avec quelque plaisir, que Caroline ne demeurant point dans la même maison que lui, elle pourrait parfois passer une matinée avec elle, sans craindre de le rencontrer.

Les Gardener demeurèrent une semaine à Longbourn, durant laquelle chaque voisin se faisait un devoir de les fêter, et Mme Bennet avait si bien pourvu aux divertissements de son frère et de sa sœur, qu’ils ne purent une seule fois dîner en famille. Lorsque la société se réunissait à Longbourn, plusieurs officiers en faisaient partie ; de ce nombre était toujours M. Wickham ; la curiosité de Mme Gardener étant excitée par la manière dont Élisabeth parlait de lui, elle les observa tous deux avec soin, et sans croire, d’après ses remarques, qu’ils fussent, réellement épris l’un de l’autre, la préférence qu’ils se témoignaient lui parut assez forte, pour lui causer quelque inquiétude ; elle résolut donc d’en parler à Élisabeth, et de lui représenter combien il serait imprudent d’encourager un pareil attachement.