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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/154

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les promenades étaient fort à son goût, et lady Catherine se conduisait avec elle, de la manière la plus amicale et la plus obligeante ; c’était, en un mot, les mêmes détails sur Rosings et Hunsford, déjà donnés par M. Colins, mais exempts d’exagérations ; et Élisabeth vit bien, que pour en savoir davantage, il fallait attendre et y aller elle-même.

Hélen avait écrit quelques mots à sa sœur, pour lui annoncer son arrivée à Londres ; elle lui promettait d’écrire encore dans peu de jours, et Élisabeth eut l’espoir d’apprendre quelques nouvelles de Bingley.

Son impatience pour cette seconde lettre fut aussi peu récompensée que l’impatience l’est généralement. Hélen avait été une semaine à la ville, sans avoir ni vu, ni entendu parler de Caroline ; elle s’en consolait cependant, par la pensée que la lettre qu’elle avait écrite à son amie avant de quitter Longbourn, pouvait être perdue. Ma tante, continuait-elle, doit aller demain dans ce quartier de la ville, et je profiterai de cette occasion pour faire une visite dans la rue Grosvenor. La visite faite, elle écrivit encore, elle avait vu Mlle Bingley, et s’exprimait ainsi :

« Caroline était, il me semble, un peu préoccupée, elle a cependant paru fort aise de me voir, et m’a fait des reproches de ne l’avoir point prévenue de mon arrivée à Londres ; j’avais donc raison, ma lettre ne lui est point parvenue ; je me suis naturellement informée des nouvelles de son frère, elle m’a dit qu’il se portait bien, mais qu’il était si occupé avec M. Darcy qu’elle ne le voyait que rarement. On attendait Mlle Darcy à dîner ; oh ! que n’eussé-je pas donné pour la voir ? Ma visite a été fort courte, car Caroline et Mme Hunt allaient sortir ; je pense qu’elles viendront bientôt me voir. »

Cette lettre attrista Élisabeth, et la convainquit que le seul hasard pourrait apprendre à Bingley qu’Hélen était alors à Londres.

Quatre semaines se passèrent, et Hélen ne l’avait point encore vue : elle cherchait à se persuader qu’elle n’en éprouvait nuls regrets, mais comment être plus longtemps insensible au manque d’attention de Mlle Bingley, après