Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

si bien divertie dans cette maison ; et ils discouraient tous deux avec tant de gaieté et de vivacité, que bientôt ils attirèrent l’attention de lady Catherine. Quant à Darcy, plus d’une fois ses regards s’étaient portés vers eux d’un air de curiosité, et peut-être ne fut-il pas peu satisfait lorsque sa tante s’écria :

« Pourquoi tant de gaieté, Fitz-William ? De quoi parlez-vous donc ? Que dites-vous à Mlle Bennet ? Laissez-moi connaître le sujet de votre entretien.

— Nous parlions de musique, madame, dit-il, se voyant forcé de lui répondre.

— De musique ! eh bien, parlez plus haut ; on ne saurait discourir sur un sujet aussi intéressant pour moi : si vous parlez de musique, je veux prendre part à votre conversation… Il y a, je crois, peu de personnes en Angleterre qui sachent mieux que moi apprécier cet art, ou qui aient un meilleur goût ; si je l’eusse appris, j’y aurais excellé. Anne a aussi beaucoup de dispositions ; si sa santé lui eût permis de s’appliquer, elle serait d’une grande force sur le piano. Georgina fait-elle des progrès, Darcy ? »

M. Darcy parla avec tendresse de l’application et des talents de sa sœur.

« Je me réjouis de vous en entendre parler ainsi, dit lady Catherine, dites-lui de ma part qu’elle ne peut s’attendre à exceller dans cet art, si elle n’étudie beaucoup.

— Je vous assure, madame, qu’elle n’a pas besoin de cet avis, elle ne se lasse point d’étudier.

— Cela est bien, elle ne le saurait trop faire ; lorsque je lui écrirai, je lui recommanderai de ne point se négliger là-dessus. Je dis souvent aux jeunes personnes que, pour être bonne musicienne, il faut sans cesse étudier. J’ai dit plusieurs fois à Mlle Bennet qu’elle ne jouera jamais bien, si elle ne s’exerce davantage. Et, bien que Mme Colins n’ait point de piano, elle peut, comme je le lui ai proposé venir tous les jours à Rosings s’exercer sur le forte-piano qui est dans la chambre de Mme Jenkinson : dans cette partie du château elle n’importunerait personne. »

M. Darcy parut un peu confus de l’a dernière phrase