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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/212

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chapitre 36


Si Élisabeth, en recevant cette lettre, ne s’attendit point à y trouver une répétition des offres de la veille, il est à croire qu’elle ne forma nulle conjecture sur son contenu ; mais, quelles que fussent ses pensées à ce sujet, on peut facilement concevoir, et son empressement à la parcourir et les diverses émotions que lui causa cette lecture. D’abord elle vit avec étonnement que Darcy daignât même chercher à se justifier, étant fermement persuadée qu’il ne pouvait jamais expliquer sa conduite d’une manière qui lui fît honneur. Avec une forte prévention contre tout ce qu’il lui pourrait dire, elle commença le récit de ce qui s’était passé à Netherfield ; elle lisait avec une vivacité qui lui donnait à peine le temps de rien comprendre, et le désir de voir la phrase suivante, la rendait incapable d’observer le sens de celle qui était sous ses yeux. L’assurance qu’il donnait d’avoir toujours cru à l’indifférence d’Hélen, fut sur-le-champ rejetée par elle, comme absolument fausse ; et le détail des vrais et seuls motifs qui l’avaient engagé à s’opposer à cette alliance, la mortifia trop pour qu’elle pût même éprouver le moindre désir de lui rendre justice : il ne parlait point avec regret de sa conduite dans cette affaire ; c’est ce qu’elle vit avec satisfaction ; son style n’était point suppliant, mais fier… ; cette lettre enfin donnait une preuve nouvelle de son orgueil et de son insolence.

Mais lorsque à ce sujet vint succéder la relation concernant M. Wickham ; lorsqu’elle lut avec un peu plus de tranquillité un récit d’événements qui, s’ils étaient vrais, devaient détruire toute opinion favorable sur lui, et qui