Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/254

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— Cela est peu probable ! Nos informations venaient de bon lieu. »

Ayant atteint la vaste antichambre du premier, on les conduisit dans un fort joli salon, meublé avec une élégance et un goût remarquables ; ils apprirent que cette pièce venait d’être arrangée pour surprendre agréablement Mlle Darcy, qui lors de son dernier séjour au château en avait montré le désir.

« Tout prouve qu’il est le meilleur des frères », se disait Élisabeth, en s’approchant d’une des fenêtres.

Mistress Reynolds anticipait la joie qu’éprouverait Mlle Darcy en entrant dans cet appartement.

« Oh ! c’est bien là lui, continuait-elle, à peine laisse-t-il à sa sœur le temps de désirer, il n’y a rien qu’il ne fît pour elle. »

La galerie de tableaux et deux ou trois des principales chambres à coucher étaient maintenant tout ce qu’il leur restait à voir ; dans la première se trouvaient beaucoup de beaux tableaux, mais Élisabeth, peu connaisseuse en peinture, se serait volontiers mise à regarder quelques paysages au crayon dessinés par Mlle Darcy, si la vue des portraits de famille ne lui eût rappelé que dans ce nombre, il s’en devait trouver un, dont les traits lui étaient connus ; elle le chercha donc et bientôt se vit arrêtée par la plus parfaite ressemblance de M. Darcy, dont tous les traits étaient embellis par ce sourire aimable qu’elle se rappela lui avoir quelquefois vu, lorsqu’il la regardait ; elle demeura quelque temps en contemplation devant ce tableau, et y revint encore avant de quitter la galerie. Mistress Reynolds leur apprit que ce portrait avait été fait et placé là avant la mort du père.

Il y avait certainement en cet instant dans le cœur d’Élisabeth une sensation qu’elle n’avait pas encore éprouvée ; l’éloge fait de lui par mistress Reynolds était assez important ; quelles louanges doivent être plus appréciées, que celles données par un bon domestique, comme frère, comme seigneur, comme maître ! Que de gens dont le bonheur devait dépendre de lui ! Que de bien ou de mal il