Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de l’être, il ne faut pas regarder l’affaire comme perdue. Dès que je serai en ville, j’engagerai mon frère à venir demeurer avec moi, afin que nous puissions aviser au meilleur parti à prendre.

— Oh, mon cher bon ami, répondit Mme Bennet, voilà absolument ce que je désire : aussitôt que vous serez à Londres, trouvez-les, n’importe où ils soient, et s’ils ne sont pas encore mariés, faites-les se marier. Quant au trousseau, que cela ne les inquiète pas ; mais dites à Lydia, qu’après son mariage, elle aura autant d’argent qu’elle voudra, pour faire les emplettes d’usage, et surtout empêchez M. Bennet de se battre, dites-lui dans quel état je suis, combien je suis inquiète, combien je souffre ; mes nerfs sont agités, je ne puis trouver de repos ni la nuit ni le jour, et dites à ma bien-aimée Lydia de ne donner aucun ordre pour ses robes, broderies, etc., qu’elle ne m’ait vue, car ne connaissant pas les meilleurs magasins, on pourrait la tromper. Oh ! mon frère, comme vous êtes bon ! j’étais sûre que vous termineriez tout cela au mieux. »

Mais M. Gardener, tout en l’assurant de nouveau qu’elle pouvait compter sur ses bons offices, ne put s’empêcher cependant de lui recommander de la modération dans ses craintes, comme dans ses espérances ; et après avoir discouru sur ce sujet jusqu’au moment du dîner, ils la laissèrent avec sa femme de charge qui la soignait en l’absence de ses filles.

Bien que son frère et sa sœur fussent persuadés qu’il n’y avait nulle raison pour qu’elle se séparât ainsi de sa famille, ils n’essayèrent point de s’y opposer, sachant qu’elle n’avait ni assez de prudence, ni assez de discrétion pour se taire devant les domestiques, pendant qu’ils servaient à table. Ils pensèrent donc qu’il valait mieux qu’une seule d entre eux, et celle à qui on pouvait le mieux se fier, fût la confidente de ses craintes et de ses ennuis.

Ils furent joints dans la salle à manger, par Mary et Kitty, qui toutes deux avaient été trop occupées, pour paraître plus tôt ; la première venait de son piano, et l’autre