Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/297

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idée me fait pâmer de rire. Excusez-moi, je vous prie, auprès de Pralt, avec qui j’avais promis de danser ce soir ; dites-lui que j’espère qu’il me pardonnera, lorsqu’il saura pourquoi je lui manque de parole, et qu’au premier bal où je le rencontrerai, je m’engage avec plaisir à ne danser qu’avec lui. J’enverrai chercher mes effets aussitôt que je serai à Longbourn, mais si vous voulez dire à Sally de racommoder ma robe de mousseline brodée, avant de la mettre dans la malle, vous m’obligerez ; adieu, mille amitiés de ma part au colonel Forster, j’espère qu’il boira aujourd’hui, un grand verre de vin au succès de notre voyage.

Votre sincère amie,
Lydia Bennet. »


« Oh ! Lydia, Lydia ! répétait Élisabeth, avec la plus vive émotion, comme elle finissait cette lecture : quelle lettre ! Ô ciel ! tant de gaieté dans un semblable moment ! Mais enfin ce billet prouve que se marier était le seul but de son voyage, et quelle que soit la conduite que Wickham l’ait ensuite engagée à tenir, elle l’a suivi du moins avec l’idée de devenir sa femme. Oh ! mon pauvre père ! combien cet événement à dû lui faire impression !

— Sa surprise, sa consternation furent telles qu’on ne le saurait exprimer, il demeura longtemps sans pouvoir proférer un seul mot ; maman se trouva mal sur-le-champ, et toute la maison était en confusion.

— Oh Hélen ! s’écria Élisabeth, cette déplorable histoire n’est-elle pas sue de tout le voisinage ? Nos domestiques n’en sont-ils pas tous instruits ?

— Je ne sais, j’espère que non, mais dans un semblable moment, il est difficile de ne point commettre quelque imprudence. Maman a eu plusieurs attaques de nerfs, j’ai essayé de lui donner tous les secours qui dépendaient de moi, mais je crains de n’avoir pas fait assez pour elle, car mon trouble était si grand que je ne sais trop comment j’ai agi.