Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/311

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« Ma chère, ma bien-aimée Lydia, s’écriait-elle, cela est vraiment délicieux ! Quoi ! elle sera mariée !… Je la reverrai ! quel bonheur ! Le bon, l’aimable frère, comme je l’aime ! je savais bien qu’il terminerait cette affaire à ma satisfaction ; oh combien il me tarde de la revoir ! et ce cher Wickham !… Mais le trousseau, les bijoux, les habits de noces, il faut que j’écrive sur-le-champ à ma belle-sœur ; Lizzy, ma bonne, descendez demander à votre père combien il compte donner pour le trousseau de ma fille ; mais non, je lui parlerai moi-même. Kitty, sonne, je t’en prie, que Hills vienne m’habiller ; oh ! cette chère enfant, quel plaisir nous aurons à nous revoir ! »

La fille aînée s’efforça de calmer ces transports, en lui rappelant la conduite si généreuse de M. Gardener et les obligations que toute la famille lui avait. « Car nous ne pouvons, ajouta-t-elle, attribuer cet heureux dénouement qu’à ses soins vigilants ; nous sommes persuadées qu’il a lui-même fourni à M. Wickham l’argent nécessaire pour acquitter ses dettes.

— Eh bien, cela est fort juste ; qui donc devait plus que lui chercher à conclure le mariage de sa propre nièce ? S’il n’avait point eu d’enfants, nous serions vous et moi ses héritiers, et c’est la première fois que nous ayons reçu quelque chose de lui, excepté de petits cadeaux… Oh ! je suis si heureuse, dans peu, j’aurai une fille mariée ! Mme Wickham ! quel joli nom ! et elle a à peine seize ans et demi ; ma chère Hélen, je suis si agitée que je ne puis écrire à votre tante, écrivez pour moi. Quant à l’argent, nous arrangerons cela plus tard avec mon mari, mais il faut que les habits de noces soient ordonnés sur-le-champ. »

Elle entrait alors dans les détails les plus minutieux de tout ce qui concerne la toilette d’une femme ; les broderies les dentelles surtout ne furent point oubliées, et elle eut bientôt dicté des ordres très considérables, si Hélen n’avait, mais non sans peine, réussi à lui persuader qu’il valait mieux attendre et consulter sur tout cela M. Bennet : « Un jour de retard, observa-t-elle, ne saurait être d’aucune conséquence. » Et sa mère joyeuse et satisfaite ne fut pas