Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/319

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chapitre 51


Le jour du mariage de leur sœur arriva, et Hélen et Élisabeth y pensaient avec plus d’inquiétude qu’elle n’en éprouvait probablement elle-même. La voiture fut envoyée à leur rencontre jusqu’à la ville de…, et ils devaient être à Longbourn vers l’heure du dîner. Leur arrivée était redoutée par les deux filles aînées, surtout par Hélen, qui, prêtant à Lydia les sentiments qui l’eussent pénétrée elle-même si elle avait été la coupable, souffrait extrêmement en pensant à la position embarrassante de sa sœur.

Ils arrivèrent ; la famille était réunie dans le salon pour les recevoir. Comme la voiture approchait, tous les traits de Mme Bennet exprimèrent la plus vive satisfaction ; son mari avait l’air extrêmement grave et sérieux, ses filles inquiètes, émues, agitées.

La voix de Lydia fut entendue dans le vestibule, la porte s’ouvrit, et elle s’élança au salon ; sa mère s’avançant vers elle, l’embrassa avec des transports de joie, donna la main à Wickham qui suivait sa jeune femme, et leur fit à tous deux son compliment avec un empressement, une allégresse qui ne montraient aucun doute sur leur bonheur.

La réception qu’ils reçurent de M. Bennet, vers lequel ils se tournèrent alors, ne fut pas tout à fait aussi cordiale ; son air même devint plus austère, et à peine leur dit-il deux mots. L’assurance, la gaieté des nouveaux époux étaient en effet bien propres à l’irriter. Élisabeth en fut outrée, et Mlle Bennet en demeura tout interdite. Lydia était toujours cette même Lydia si folle, si hardie, si inconsidérée, si bruyante. S’adressant tour à tour à chacune de