Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/324

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point obligés à différer notre mariage, car M. Darcy pouvait fort bien le remplacer.

— M. Darcy, répéta Élisabeth avec la plus vive surprise.

— Mais oui ! il devait y venir avec Wickham, vous savez… Ô ciel ! que viens-je de faire ; je n’en devais pas parler, je leur avais si formellement promis d’être discrète, que dira Wickham ? Cela devait être un si grand secret !

— Si cela devait être un secret, repartit Hélen, n’en parlons plus, soyez assurée que je ne chercherai pas à en savoir davantage.

— Oh certainement ! dit Élisabeth, quoique sa curiosité fût vivement excitée, nous ne vous poserons aucune question.

— Je vous remercie, car si vous m’en posiez je vous dirais tout, et alors Wickham serait si fâché ! »

Pour ne pas profiter d’un tel encouragement à se satisfaire, Élisabeth se vit obligée d’en fuir l’occasion en quittant le salon.

Mais demeurer dans l’ignorance sur un tel point, était chose impossible, ou du moins il était impossible de ne pas chercher quelque éclaircissement. M. Darcy avait été au mariage de Lydia ! Le moyen de comprendre une semblable démarche ? Quel motif pouvait le conduire dans un pareil moment parmi des personnes, avec lesquelles, selon toutes les apparences, il avait si peu affaire, qu’il avait tant de répugnance à fréquenter ? Les conjectures les plus étranges, les plus diverses, se présentèrent en foule à son esprit, mais aucune d’elles ne la put satisfaire ; celles qui lui plaisaient le mieux, comme plaçant la conduite de Darcy dans le jour le plus favorable, lui semblaient aussi les moins naturelles ; elle ne put longtemps demeurer dans cet état de doute et d’incertitude, et saisissant avec vivacité une feuille de papier, elle écrivit une courte lettre à sa tante, pour lui demander l’explication du peu de mots que Lydia avait laissé échapper, si toutefois cela était compatible avec le secret qu’on semblait vouloir garder.

« Vous pouvez facilement concevoir, ajoutait-elle,