Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/326

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chapitre 52


Élisabeth eut la satisfaction de recevoir, par le retour du courrier, une réponse à sa lettre. Dès qu’on la lui remit, elle courut s’enfoncer dans le petit bois, et, s’étant assise sur un des bancs, se prépara à être heureuse, car la longueur de la lettre lui disait assez quelle ne contenait pas un refus.


« De la rue de Grace-Church, ce 6 septembre.

« Je reçois votre lettre à l’instant, ma chère nièce, et je consacre ma matinée à vous répondre, car je vois bien qu’une courte lettre ne saurait contenir tout ce que j’ai à vous communiquer. J’avoue que votre demande me cause une vive surprise, je ne m’attendais pas à en recevoir une semblable de vous ; ne croyez pas cependant qu’elle m’ait déplu, je veux seulement vous laisser savoir que je n’imaginais pas qu’une pareille prière pût venir de votre part : si vous ne voulez pas me comprendre, du moins excusez mon indiscrétion. Votre oncle est aussi étonné que je puis l’être moi-même. Rien au monde, que la ferme certitude que vous étiez une personne intéressée dans cette affaire, n’aurait pu l’engager à agir comme il l’a fait : mais, si vraiment vous êtes dans l’ignorance, il faut que je m’explique plus clairement. Le jour même de mon retour ici, votre oncle reçut une visite bien inattendue. M. Darcy vint et demeura plusieurs heures avec lui ; tout était terminé avant mon retour : ainsi, ma curiosité ne fut pas aussi vivement excitée que la vôtre semble l’être. Il était