Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/335

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partie de mes devoirs, et bientôt la peine m’eût paru légère. Enfin il ne faut pas se plaindre, et cependant une vie si douce, si tranquille, si retirée, aurait répondu à toutes mes idées de bonheur ; mais cela ne devait pas être. Avez-vous entendu Darcy parler de cette circonstance, lors de votre séjour dans Kent ?

— J’ai appris, et d’une personne qui m’a semblé tout aussi instruite que lui sur cette affaire, que cette cure ne vous avait été laissée que conditionnellement, et à la volonté du présent donataire.

— Mais oui ! c’est à peu près cela ; je vous l’avais dit autrefois, si vous vous rappelez.

— J’ai appris aussi qu’il fut un temps où écrire des sermons ne vous paraissait pas une occupation aussi agréable qu’elle semble l’être maintenant, que vous aviez même solennellement déclaré votre résolution de ne point prendre les ordres, et que cette affaire avait été terminée comme vous le désiriez.

— Il y a quelque vérité dans tout cela ; vous pouvez vous rappeler ce que je vous dis à ce sujet la première fois que nous en parlâmes. »

Ils approchaient maintenant de la maison, car Élisabeth désirant se séparer de lui, avait pressé le pas ; mais ne voulant point le fâcher par égard pour Lydia, elle lui répondit avec un sourire de bonté :

« Allons, monsieur Wickham, nous sommes frère et sœur, vous le savez, ne nous querellons donc pas sur le passé ; j’espère que dorénavant nous serons toujours d’accord. »

Elle lui tendit la main, qu’il baisa avec une affectueuse galanterie, bien qu’il sût à peine quelle contenance faire, et ils entrèrent dans la maison.