Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/35

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mes filles, j’aurais peine à lui dire non. L’autre soir, le colonel Forster avait, je vous assure, fort bonne mine avec son uniforme. »

Ici, elle fut interrompue par un domestique qui apportait un billet pour Mlle Bennet : il venait de Netherfield, et on attendait une réponse.

« Eh bien, Hélen, qui est-ce qui vous écrit ? Que vous dit-on ? Eh bien donc, Hélen, dépêchez-vous de lire ; allons, ma chère !

— C’est de miss Bingley, dit Hélen, et elle lut à haute voix :


Ma chère amie,

Si vous n’êtes assez complaisante pour venir dîner avec Louisa et moi, vous nous mettrez dans le cas de nous détester le reste de nos jours, car une journée de tête à tête entre deux femmes ne peut finir sans querelles. Venez après la réception de la présente. Mon frère et ces messieurs dînent avec les officiers. Toute à vous.

Caroline Bingley.


— Avec les officiers ! s’écria Lydia, je m’étonne que ma tante ne nous l’ait pas dit.

— Ils dînent en ville, dit Mme Bennet, c’est bien malheureux !

— Pourrai-je avoir la voiture ? dit Hélen.

— Non, ma chère ; vous ferez mieux d’aller à cheval, car le temps tourne à la pluie, et alors vous serez obligée de rester jusqu’à demain.

— Votre plan serait bon, maman, dit Élisabeth, si vous étiez sûre qu’on ne proposât pas de la reconduire.

— Oh ! mais ces messieurs iront à Meryton dans la voiture de M. Bingley, et les Hurst n’ont point de chevaux.

— J’aimerais mieux y aller en voiture.

— Votre père a besoin des chevaux, j’en suis sûre ;