Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/36

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ils sont utiles à la ferme : n’est-ce pas vrai, monsieur Bennet ?

— On les occupe à la ferme bien plus souvent que je ne le voudrais pour mon propre usage.

— Mais s’ils y sont aujourd’hui, dit Élisabeth, maman sera satisfaite. »

Son père répondit enfin qu’on ne pouvait se servir alors de la voiture. Hélen fut donc obligée d’aller à cheval, et sa mère l’accompagna jusqu’à la grille, en l’assurant avec joie qu’elle aurait du mauvais temps. Ses espérances furent réalisées : Hélen ne faisait que de partir quand survint une forte pluie. Ses sœurs étaient très inquiètes, sa mère très contente. La pluie continua toute la soirée : Hélen ne put revenir.

— C’est une brillante idée que j’ai eue là », répéta plusieurs fois Mme Bennet pendant l’après-midi.

Mais ce ne fut que le lendemain matin qu’elle connut l’heureux effet de son adresse. Le déjeuner finissait lorsqu’un domestique apporta de Netherfield le billet suivant :


Ma bien chère Lizzy,

Je suis réellement malade ; j’ai été mouillée jusqu’aux os, hier matin, et n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit ; mes bonnes amies ne veulent pas entendre parler de mon retour que je ne sois rétablie. Elles ont absolument voulu envoyer chercher M. Jones : ainsi, ne soyez point inquiets si vous entendez dire qu’il m’est venu voir ; à l’exception d’un mal de gorge et de tête, je n’ai rien d’alarmant.

Toute à vous, etc.


« Eh bien, ma chère, dit M. Bennet après qu’Élisabeth eut communiqué cette nouvelle, si votre fille a une sérieuse maladie et qu’elle en meure, ce sera une consolation de savoir qu’elle l’avait gagnée par votre faute et afin de voir M. Bingley.