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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/350

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trois cuisiniers français. Et toi, ma chère Hélen, jamais je ne t’ai vue plus belle ; Mme Long me l’a dit aussi, car je lui ai demandé si elle ne te trouvait pas charmante aujourd’hui ; et que penses-tu qu’elle ait ajouté ? « Ah ! madame Bennet, nous la verrons à Netherfield ! » Après tout, elle me l’a dit ; je trouve vraiment que Mme Long est la meilleure créature que je connaisse ; ses nièces aussi savent fort bien se conduire : elles ne sont pas jolies, mais je les aime extrêmement. »

Mme Bennet, en un mot, était en fort belle humeur : la conduite de Bingley à l’égard d’Hélen avait ranimé toutes ses espérances, et elle fut très désappointée en ne le voyant point venir le lendemain faire ses propositions.

« Cette journée s’est passée fort agréablement, dit Mlle Bennet à Élisabeth, la société était si choisie, si aimable ; j’espère que maman donnera souvent de semblables assemblées. »

Élisabeth sourit.

« Lizzy, je ne veux pas de ce sourire ; il ne faut pas avoir d’arrière-pensée, cela me mortifie. Je vous assure que j’ai maintenant appris à jouir de sa conversation, comme de celle d’un jeune homme aimable, instruit ; ma pensée ne va pas au-delà. La conduite qu’il a tenue aujourd’hui avec moi, m’a convaincue qu’il n’avait jamais eu le moindre désir de m’inspirer aucun sentiment particulier, mais seulement qu’il possède plus qu’aucun autre cette douce aménité et ce désir général de plaire qui séduisent si facilement.

— Vous êtes bien cruelle, dit sa sœur, vous ne voulez pas me permettre de sourire, et vos discours m’y provoquent à chaque instant. Ah ! qu’il est pénible, dans certains cas, d’être crue, et dans d’autres combien cela est difficile !

— Mais pourquoi me vouloir persuader que je sens plus que je n’avoue ?

— Voilà une question à laquelle je ne sais trop que répondre ; nous aimons tous à instruire, quoique nous ne puissions apprendre aux autres que ce qui ne vaut pas la peine d’être su. Pardonnez-moi, et, si vous persistez dans votre indifférence, ne me prenez pas pour confidente.