Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/352

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besoin. Ciel, que vous êtes lente ! Où est donc votre ceinture mon enfant ? »

Mais lorsque la mère fut partie, on ne put engager Hélen à descendre sans une de ses sœurs.

Dans le courant de la soirée cependant, leur désir de se trouver seuls ensemble, se laissait assez apercevoir. Après le thé, M. Bennet, selon sa coutume, se retira dans son cabinet et Mary à son piano ; pour Mme Bennet, c’étaient deux importuns de moins. Aussi fort impatiente, elle regardait Élisabeth et Catherine d’une manière très expressive, mais le tout inutilement. Élisabeth ne la voulait pas comprendre, et lorsqu’enfin Kitty l’aperçut, elle dit fort innocemment : « Que me voulez-vous, maman ? Pourquoi me regardez-vous ainsi ; que dois-je faire ? »

— Rien, ma fille, je ne vous regardais pas. » Elle fut alors tranquille pendant quelques instants, mais bientôt, ne pouvant se résoudre à perdre une occasion aussi précieuse, elle se leva, et s’adressant à Kitty :

« Venez ici, mon enfant, j’ai quelque chose à vous dire ».

Hélen jeta un regard suppliant sur Élisabeth, qui exprimait assez son embarras ; quelques secondes après Mme Bennet, ouvrant à moitié la porte, s’écria :

« Lizzy, j’ai besoin de vous ici. »

Élisabeth se vit forcée de quitter le salon.

« Nous ferons aussi bien de les laisser seuls. »

Élisabeth n’essaya point de raisonner avec elle, mais demeura tranquillement dans le vestibule, tandis que sa mère et Kitty montaient l’escalier ; puis elle revint au salon.

Tous les soins de Mme Bennet furent ce jour-là vainement prodigués ; Bingley était aimable, mais ne se montra point l’amoureux déclaré de sa fille. Son aisance, sa gaieté ajoutaient un grand charme à leur cercle de famille, et de plus il supportait l’affligeante civilité de Mme Bennet, ses ridicules remarques, avec une indulgence extrêmement agréable à sa fille.

À peine eut-il besoin d’une invitation pour rester au