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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/389

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instants dans sa chambre, que sa mère vint l’y trouver.

« Ma chère enfant, dit-elle, je ne puis songer à autre chose, dix mille livres sterling de rente ! et sans doute davantage, tant de richesses équivalent au titre de lady ! Il faut que vous soyez mariée par dispense spéciale[1] ; certainement il le faut… Mais, ma toute belle, quel est le plat favori de M. Darcy, afin que je l’aie demain ? »

Cela était un triste présage de la conduite que sa mère tiendrait envers lui, et Élisabeth, bien qu’elle possédât les plus chères affections de celui qu’elle aimait, et qu’elle fût assurée du consentement de ses parents, avait encore néanmoins quelque chose à désirer. Le lendemain cependant se passa mieux qu’elle ne l’avait espéré, car Mme Bennet craignait tant son gendre futur, qu’elle n’osait lui parler, à moins qu’il ne dépendît d’elle de lui faire quelque civilité ou de lui témoigner l’entière déférence qu’elle avait pour ses opinions.

Élisabeth eut la satisfaction de voir son père chercher à connaître vraiment M. Darcy, et bientôt il assura sa fille que son estime pour lui augmentait à chaque instant.

« J’estime beaucoup mes trois gendres, dit-il ; Wickham peut-être est celui que j’affectionne le plus, mais, je crois que j’aimerai votre mari tout autant que celui d’Hélen. »

  1. Droit de se marier sans publication de bans.