Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/400

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avait la plus haute opinion d’Élisabeth, quoique d’abord elle écoutât, avec un étonnement presque voisin de la crainte, le langage gai et léger qu’elle tenait à son frère. Lui qui avait su faire naître en elle un respect si grand qu’il surpassait même sa tendresse, était maintenant, et devant elle, l’objet des plaisanteries les plus familières ; comment n’en être pas surprise ? Mais bientôt elle commença à comprendre qu’une femme peut prendre avec son mari certaines libertés, qu’un frère ne permet pas toujours à une sœur qui a plus de dix ans de moins que lui.

L’indignation de lady Catherine, en apprenant le mariage de son neveu, fut extrême ; et comme elle s’abandonna à toute la franchise de son caractère, sa réponse à la lettre qui annonçait cette décision, était conçue en des termes si outrageants, surtout pour Élisabeth, que tous rapports entre eux furent pour quelque temps rompus ; mais enfin, à la demande d’Élisabeth, Darcy fit des démarches pour une réconciliation avec sa tante ; et, après quelques nouvelles résistances, son ressentiment céda, soit à son attachement pour lui, soit à sa curiosité de voir comment Mme Darcy se conduisait. Elle voulut bien condescendre à venir les visiter à Pemberley, malgré la profanation qu’avaient reçue ses antiques ombrages, non seulement de la présence d’une semblable maîtresse, mais encore des visites de ses parents de la Cité.

Les deux époux furent toujours intimement liés avec les Gardener. Darcy ne leur était pas moins attaché qu’Élisabeth, et ils éprouvaient l’un et l’autre la plus vive reconnaissance envers ceux qui, en la conduisant dans Derbyshire, avaient, involontairement, formé leur union.



FIN