Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/51

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Darcy sourit, et le silence qui suivit faisant craindre à Élisabeth de nouveaux propos de sa mère, elle voulait parler, mais ne savait que dire… Peu de moments après, Mme Bennet renouvela ses remerciements à M. Bingley des bontés qu’il avait pour Hélen, en s’excusant d’être obligée de lui laisser encore Lizzy.

M. Bingley fut d’une politesse si franche qu’il força sa sœur à l’imiter et à employer les phrases d’usage : elle le fit avec bien peu de grâce, mais Mme Bennet fut satisfaite, et bientôt demanda sa voiture.

Catherine et Lydia s’étaient parlé bas pendant toute la visite : le résultat de cette conversation fut que la plus jeune rappela à M. Bingley la promesse qu’il avait faite, à son arrivée dans le pays, de donner un bal à Netherfield.

Lydia était une grande et belle fille de quinze ans, fort gaie et fort étourdie, favorite de sa mère, et par cette raison introduite dans le monde beaucoup trop tôt ; elle était naturellement peu timide, et les attentions des officiers, que ses manières et les bons dîners de son oncle attiraient, l’avaient rendue hardie. Elle se décida donc sans peine à parler à M. Bingley au sujet du bal, ajoutant qu’il serait mal à lui de ne pas tenir sa parole. La réponse qu’il lui fit enchanta Mme Bennet :

« Je suis tout prêt, je vous assure, à tenir ma promesse ; et quand votre sœur sera rétablie, vous pourrez vous-même fixer le jour du bal. Mais vous ne voudriez pas danser pendant qu’elle est malade ? »

Lydia lui dit qu’elle était satisfaite :

« Oh ! oui, ajouta-t-elle, il vaut mieux attendre le rétablissement d’Hélen ; et sans doute qu’alors le capitaine