Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/53

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chapitre 10


Cette journée se passa à peu près comme la précédente : Mme Hurst et miss Bingley demeurèrent auprès de la malade une partie de la matinée… Elle continuait à se rétablir, quoique lentement. Le soir Élisabeth se rendit au salon, où la famille était réunie. M. Darcy écrivait ; Mlle Bingley, assise près de lui, et l’œil sur son papier, suivait la trace de sa plume ; M. Hurst et M. Bingley jouaient au piquet, et Mme Hurst regardait le jeu. Élisabeth prit son ouvrage et s’amusa à écouter M. Darcy et sa voisine. Les louanges qu’elle lui prodiguait sur son écriture, la régularité de ses lignes, la longueur de sa lettre, et l’indifférence avec laquelle il les recevait, formaient un contraste curieux ; et leur dialogue confirma l’opinion qu’Élisabeth s’était faite de ces deux personnages.

« Combien miss Darcy sera charmée de recevoir une aussi longue lettre ! »

Il ne fit point de réponse.

« Vous écrivez bien vite !

— Vous vous trompez, j’écris plutôt doucement.

— Que de lettres vous devez écrire dans le courant de l’année ! et des lettres d’affaires aussi : combien je les trouverais ennuyeuses !

— Heureusement, c’est mon partage, et non le vôtre, d’en écrire.

— Dites, je vous prie, à votre sœur le vif désir que j’ai de la revoir.

— Je le lui ai déjà dit une fois, d’après vos