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Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/60

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chapitre 11


Le dîner étant fini, Élisabeth accompagna sa sœur au salon, où elle fut reçue par ses deux amies avec des protestations d’amitié. Élisabeth ne les avait jamais vues aussi aimables qu’elles le furent pendant l’heure qui s’écoula avant l’arrivée de ces messieurs. Leur conversation fut très animée ; elles avaient à décrire dans le plus grand détail les toilettes à la mode, des anecdotes à raconter avec enjouement et de piquantes observations à faire sur le prochain.

Mais bientôt Hélen ne fut plus l’objet de leur attention. Les hommes revinrent au salon, et les yeux de Mlle Bingley se tournèrent vers M. Darcy ; à peine entrait-il, elle trouva quelque chose à lui dire. Lui, sans paraître l’écouter, s’adressa d’abord à Mlle Bennet et la félicita sur son rétablissement. M. Hurst la salua et dit qu’il était fort aise… Mais une joie sincère et vivement exprimée, ce fut celle de M. Bingley ; il était attentif à tout. Les premiers moments se passèrent à arranger le feu, afin qu’elle n’eût pas froid ; il fallut qu’elle changeât de place pour éviter le vent de la porte : alors il s’assit auprès d’elle et s’en occupa exclusivement. Élisabeth, qui travaillait vis-à-vis d’eux, les observait avec satisfaction. Après le thé, M. Hurst parla de jeu à sa belle-sœur, mais en vain ; elle avait appris que M. Darcy n’aimait pas les cartes. M. Hurst vit rejeter toutes ses propositions : elle l’assura que personne ne désirait jouer, et le silence de la société semblait dire qu’elle avait raison. M. Hurst n’eut donc d’autre parti à prendre que de se coucher sur le sofa, et de s’endormir.