Page:Austen - Orgueil et préjugé, 1966.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chapitre 14


Pendant le dîner, M. Bennet dit à peine deux mots ; mais lorsque les domestiques furent retirés il crut qu’il était temps de causer avec son hôte, et pour cela choisit un sujet où il s’attendait à le voir briller, en disant qu’il était bien heureux d’avoir une telle protectrice. L’intérêt que prenait à lui lady Catherine de Brough paraissait très marqué. M. Bennet ne pouvait mieux rencontrer : l’éloquence de son convive, se développant sur ce sujet, en augmenta l’air de solennité qui lui était ordinaire ; d’un ton majestueux il protesta n’avoir vu de sa vie une telle conduite dans une personne d’un si haut rang : il recevait journellement des marques de l’affabilité et de la condescendance de lady Catherine ; elle avait daigné approuver les deux sermons qu’il eut l’honneur de prononcer en sa présence. Elle l’avait deux fois invité à dîner avec elle à Rosings, et de temps en temps l’envoyait chercher pour faire un quatrième au whist. « Bien des gens s’imaginent, continua-t-il, que lady Catherine est fière, quant à moi je ne l’ai jamais trouvée telle… elle me parle, comme à tout le monde, avec tant de bonté ! me permet de voir mes voisins, et me laisse quelquefois m’absenter de ma cure ; elle a même daigné m’engager à me marier, en me recommandant surtout d’épouser une femme comme il faut. J’ai eu l’avantage de la recevoir une fois dans mon humble demeure, et celui de la voir approuver tous les changements que j’y ai faits : elle a bien voulu elle-même m’en indiquer de nouveaux, quelques planches à placer dans les cabinets du premier étage…

— Cette conduite est en vérité bien polie et bien