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chapitre 18


Avant le moment où elle entra dans le salon de Netherfield, et chercha en vain M. Wickham parmi les groupes d’officiers qui s’y trouvaient assemblés, Élisabeth n’avait eu nul doute de l’y rencontrer, les souvenirs qui auraient pu lui en donner ne s’étaient même pas présentés à son esprit ; ayant mis à sa toilette un soin tout particulier, elle se préparait gaiement à achever la conquête du cœur de M. Wickham, croyant bien qu’avant la fin de la soirée il serait absolument sous ses lois ; mais bientôt naquit l’affreux soupçon que les Bingley, par complaisance pour Darcy, l’avaient volontairement oublié dans leurs invitations aux officiers, ce qui n’était pas tout à fait vrai. La cause de son absence fut annoncée par M. Denny, à qui Lydia la demanda ; il leur dit que des affaires avaient obligé Wickham à partir la veille pour Londres, et qu’il n’était pas de retour, ajoutant avec un sourire expressif :

« Je ne crois pas que sans le désir d’éviter une personne qui se trouve ici, ses affaires l’eussent déterminé à nous quitter sitôt. »

Cette dernière phrase, obscure pour Lydia, fut parfaitement comprise par Élisabeth, qui, renonçant alors à sa première pensée, n’en persista pas moins à rendre Darcy responsable de l’absence de Wickham ; et son indignation contre lui fut portée à un tel point par cette contrariété inattendue, que lorsqu’il s’approcha d’elle quelques moments après, pour lui faire les compliments d’usage, à peine lui répondit-elle avec civilité.

Avoir de l’attention, de la complaisance pour Darcy, ç’eût