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Page:Austen - Persuasion.djvu/112

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criptions passionnées et l’agonie désespérée de l’autre. Sa voix tremblait en récitant les plaintes d’un cœur brisé, ou d’une âme accablée par le malheur, et semblait solliciter la sympathie.

Anna lui demanda s’il faisait de la poésie sa lecture habituelle ; elle espérait que non, car le sort des poètes est d’être malheureux, et il n’est pas donné à ceux qui éprouvent des sentiments vifs d’en goûter les jouissances dans la vie réelle.

Benwick laissa voir qu’il était touché de cette allusion à son état d’esprit ; cela enhardit Anna, et, sentant que son esprit avait un droit de priorité sur Benwick, elle l’engagea à faire dans ses lectures une plus grande place à la prose ; et comme il lui demandait de préciser, elle nomma quelques-uns de nos meilleurs moralistes, des collections de lettres admirables, des mémoires de nobles esprits malheureux ; tout ce qui lui parut propre à élever et fortifier l’âme par les plus hauts préceptes et les plus forts exemples de résignation morale et religieuse.

Benwick écoutait attentivement, et, tout en secouant la tête pour montrer son peu de foi en l’efficacité des livres pour un chagrin comme le sien, il prit note des livres qu’elle lui recommandait et promit de les lire.