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Page:Austen - Persuasion.djvu/228

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« Vous n’avez pas été assez longtemps à Bath, dit-il, pour jouir des soirées qu’on y donne.

— Ces soirées ne me plaisent pas, je ne suis pas joueuse.

— Je sais que vous ne l’étiez pas autrefois ; mais le temps opère de grands changements.

— Je n’ai pas tant changé, » dit-elle ; puis elle s’arrêta, craignant quelque interprétation.

Quelques instants après, il dit, comme si c’était une réflexion soudaine :

« Il y a un siècle, vraiment : huit ans et demi ! »

Anna ne put savoir s’il en aurait dit davantage ; Henriette demanda à sortir, et Anna dissimula sa contrariété ; elle se dit que si Henriette l’avait su, elle en aurait eu pitié, elle qui était si sûre de l’affection de son fiancé.

Sir Walter et Élisabeth vinrent interrompre leurs apprêts de départ : leur présence apporta un froid général. Anna se sentit oppressée, et vit la même impression autour d’elle. Le bien-être, la liberté, la gaîté, disparurent ; un froid maintien, un silence compassé, une conversation insipide, accueillirent son père et sa sœur. Quelle mortification c’était pour elle ! Cependant elle eut une satisfaction : le capitaine Wenvorth fut salué par sa sœur plus gracieusement