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« Il me semble que l’armée navale, qui a tant fait pour nous, a autant de droits que toute autre classe à une maison confortable. La vie des marins est assez rude pour cela, il faut le reconnaître.

— Ce que dit miss Anna est très vrai, répondit M. Shepherd.

— Certainement, » ajouta sa fille.

Mais bientôt après, Sir Walter fit cette remarque : « La profession a son utilité, mais je serais très fâché qu’un de mes amis lui appartînt.

— Vraiment ? répondit-on avec un regard de surprise.

— Oui ; sous deux rapports elle me déplaît. D’abord c’est un moyen pour un homme de naissance obscure d’obtenir une distinction qui ne lui est pas due, d’arriver à des honneurs que ses ancêtres n’ont jamais rêvés ; puis elle détruit totalement la beauté et la jeunesse. Un marin vieillit plus vite qu’un autre. J’ai toujours remarqué cela. Il risque par sa laideur de devenir un objet d’horreur pour lui-même, et il court la chance de voir le fils d’un domestique de son père arrivera un grade au-dessus du sien.

« Voici un exemple à l’appui de ce que je dis. Au printemps dernier, j’étais en compagnie de deux hommes :