Page:Austen - Persuasion.djvu/25

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« Lord Saint-Yves, dont le père a été ministre de campagne, presque sans pain. Je dus céder le pas à Lord Saint-Yves, et à un certain amiral Baldwin, le plus laid personnage qu’on puisse imaginer. Une figure martelée couleur d’acajou ; tout était lignes et rides : trois cheveux gris d’un côté, et rien qu’un soupçon de poudre. « Au nom du ciel ! quel est ce vieux garçon ? dis-je à un ami qui se trouvait là. — Mon cher, c’est l’amiral Baldwin. Quel âge lui donnez-vous ? — Soixante ans, dis-je. — Quarante, répondit-il. Pas davantage. »

« Figurez-vous mon étonnement. Je n’oublierai pas facilement l’amiral Baldwin. Je n’ai jamais vu un exemple si déplorable de la vie de mer ; et c’est la même chose pour tous, à quelque différence près. Ballottés par tous les temps, dans tous les climats, ils arrivent à n’avoir plus figure humaine. C’est fâcheux qu’ils ne meurent pas subitement avant d’arriver à l’âge de l’amiral Baldwin.

— Ah ! vraiment, Sir Walter, vous êtes trop sévère, dit Mme Clay. Ayez un peu de pitié des pauvres gens. Nous ne sommes pas tous nés beaux, et la mer n’embellit pas certainement. J’ai souvent remarqué que les marins vivent longtemps. Ils perdent de bonne heure l’air jeune. Mais n’en est-il pas ainsi dans