Page:Austen - Persuasion.djvu/7

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très heureuse, mais ses devoirs, ses amis, ses enfants l’attachèrent assez à la vie, pour qu’elle la quittât avec regret.

Trois filles, dont les aînées avaient, l’une seize ans, l’autre quatorze, furent un terrible héritage et une lourde charge pour un père faible et vain. Mais elle avait une amie, femme sensée et respectable, qui s’était décidée, par attachement pour elle, à habiter tout près, au village de Kellynch. Lady Elliot se reposa sur elle pour maintenir les bons principes qu’elle avait tâché de donner à ses filles.

Cette amie n’épousa pas Sir Walter, quoique leur connaissance eût pu le faire supposer.

Treize années s’étaient écoulées depuis la mort de lady Elliot, et ils restaient proches voisins et amis intimes, mais rien de plus.

Il n’est pas étonnant que lady Russel n’eût pas songé à un second mariage ; car elle possédait une belle fortune, était d’un âge mûr, et d’un caractère sérieux, mais le célibat de Sir Walter s’explique moins facilement.

La vérité est qu’il avait essuyé plusieurs refus à des demandes en mariage très déraisonnables. Dès lors, il se posa comme un bon père qui se dévoue pour ses filles. En réalité, pour l’aînée seule, il était