Page:Austen - Persuasion.djvu/70

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que tout était prêt. Anna resta seule, achevant de déjeuner comme elle put.

« C’est fini, se répétait-elle avec une joie nerveuse. Le plus difficile est fait. » Elle l’avait vu ! Ils s’étaient trouvés encore une fois dans la même chambre !

Bientôt, cependant, elle se raisonna, et s’efforça d’être moins émue. Presque huit années s’étaient écoulées depuis que tout était rompu. Combien il était absurde de ressentir encore une agitation que le temps aurait dû effacer ! Que de changements huit ans pouvaient apporter ! tous résumés en un mot : l’oubli du passé ! C’était presque le tiers de sa propre vie. Hélas, il fallait bien le reconnaître, pour des sentiments emprisonnés, ce temps n’est rien. Comment devait-elle interpréter les sentiments de Wenvorth ? Désirait-il l’éviter ? Un moment après, elle se haïssait pour cette folle question. Malgré toute sa sagesse, elle s’en faisait une autre, que Marie vint résoudre, en lui disant brusquement :

« Le capitaine, qui a été si attentif pour moi, n’a pas été très galant à votre égard, Anna. Henriette lui a demandé ce qu’il pensait de vous, et il a répondu qu’il ne vous aurait pas reconnue, que vous étiez changée. »

En général, Marie manquait d’égards pour sa