Page:Austen - Raison et Sensibilité.djvu/538

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si vous croyez avoir des ennemis assez méchans, assez détestables pour vous nuire par des calomnies, laissez leurs torts retomber sur eux-mêmes, et que le sentiment de votre innocence et de vos bonnes intentions relève votre âme ; ne leur donnez pas l’indigne triomphe de vous avoir rendue aussi malheureuse. C’est un louable et raisonnable orgueil que celui qui nous donne le sentiment de notre propre dignité et qui nous élève au-dessus de la méchanceté et de la malveillance.

— Non, non, s’écria Maria, un malheur tel que le mien ne laisse aucun orgueil ; il m’est égal que tout le monde sache combien je souffre. Que m’importe leur triomphe ? il ne peut rien ajouter à ma misère. Elinor, Elinor, il est bien faible le chagrin qui peut s’adoucir