Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/140

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je vous reprochais d’être heureuse. (Elle cacha son visage sur l’épaule de sa sœur ; et ses larmes redoublèrent.)

— Chère Maria, ne vous reprochez rien, vous ne pouviez savoir quels étaient mes tourmens, dit Elinor.

— Quatre mois ! s’écria encore Maria, si calme, si souvent gaie. Oh ! Elinor ! qu’est-ce qui vous a soutenue ?

— Le sentiment que je faisais mon devoir. Ma promesse à Lucy m’obligeait au secret ; je lui devais donc à elle de ne rien dire ni de ne rien faire qui pût trahir la vérité. Je devais à ma famille, à mes amis de ne pas exciter leur sollicitude sur moi, en leur laissant remarquer que j’avais un chagrin caché, que je ne pouvais leur confier ; enfin je me devais à moi-