Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/290

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coulent sur ses joues glacées ; elle ne les sent pas. Le colonel cherche si le pouls bat encore ; il croit l’avoir senti faiblement, du moins il le dit et cherche à se le persuader à lui-même. Il faut l’ôter d’ici, dit-il à Elinor, je vais l’emporter ; et la prenant dans ses bras, il veut reprendre le sentier, chargé de ce précieux fardeau. Mais Elinor voit que lui-même est tremblant et presque aussi pâle que Maria ; elle a d’ailleurs la crainte de ce qu’éprouverait sa sœur si, revenant à elle même pendant le trajet, elle se voyait portée dans les bras du colonel, comme elle le fut une fois dans ceux de Willoughby lors de sa malheureuse chute. Elle en frémit, et alléguant sa propre faiblesse qui l’empêche aussi de marcher, elle conjure le colonel de remettre la pauvre Maria couchée à demi sur