Page:Austen - Raison et Sensibilité T2et3.djvu/356

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d’accord. Maria, pensais-je, n’entendra plus parler de moi que pour apprendre que je suis marié ; sa fierté s’indignera, elle me détestera, puis elle m’oubliera, et je serai seul malheureux ; mais au moins j’aurai les distractions et les jouissances de la fortune… ; lorsqu’une lettre de Maria, datée de Londres, m’apprend qu’elle y est, qu’elle m’aime encore avec la même tendresse, et n’a pas même l’ombre d’un doute. Non, tout ce que j’éprouvai ne peut être exprimé ! Sans aucune métaphore, chaque ligne, chaque mot de ce billet fut pour moi un coup de poignard. Savoir Maria si près de moi ; être sûr que j’en étais aimé ! ah ! je n’avais pas non plus l’ombre d’un doute. Son cœur, ses opinions, son ame m’étaient trop bien connus et m’étaient encore trop chers.